Départ le 11 septembre, pour un périple de 3 jours, en compagnie de ma femme Lysiane avant de retrouver les paysages du Maramures. Comme d'habitude ce voyage se déroule sans problème jusqu'au 13 septembre car à l'approche de la frontière austro-hongroise, nous croisons des bus escortés par des voitures de police, toute sirène dehors. Nous voyons désormais des hélicoptères qui tournent dans le ciel. Puis à notre gauche, dans un no man's land, surgit un camp de réfugiés derrière des grillages. Des hommes et des femmes , debout dans cette enceinte, face à face avec les services de sécurité. Tout est canalisé. Il y a des tentes partout. Une vision qui nous fait froid dans le dos et qui nous rappelle que la guerre est aux portes de l'Europe et même en Europe. Rien de bien rassurant dans tout cela. Nous continuons notre route à travers la Hongrie, où nous ferons halte le soir.

  

14 septembre nous reprenons notre itinéraire et nous traversons Budapest calme. Je m'attendais à voir un campement de réfugiés à côté de la gare, mais l'endroit est vide et propre. Il n'y a plus rien ! Le passage en Roumanie s'effectue très rapidement et nous arrivons, enfin, à Surdesti en début de soirée.

15 septembre notre priorité absolue est d'offrir le fauteuil roulant électrique, le plus rapidement à ce monsieur fortement handicapé de Fauresti. Arrivés à son domicile, aidé de G. COSTIN, vice-maire de Sisesti, nous déchargeons ce lourd cadeau (130 kg). Heureusement que je possède des rampes pour effectuer cette manœuvre. Le bénéficiaire et sa femme sont très heureux de recevoir ce matériel. Immédiatement un essai est effectué dans le jardin de façon à s'habituer à la manipulation de l'engin. Le "chauffeur" semble maitriser les manettes et il ne nous cache pas son grand plaisir. Nous sommes émus de le voir . Nous prenons congés pour nous rendre dans les villes de Coas et de Magureni pour offrir des pansements et bandes à des personnes atteintes d'ulcères importants.

  

16 septembre nous sommes à la mairie de Sisesti pour une donation de vêtements neufs pour bébés et enfants jusqu'à 4 ans. La précédente distribution du mois d'avril 2015 ayant été ratée, j'avais exprimé auprès des élus le souhait que celle-ci soit organisée différemment. Les habits ont été présentés par âge sur des tables. Nous avions aussi disposé perpendiculairement d'autres tables, vides, pour faire obstacle et ainsi n'avoir qu'une personne à servir à la fois. Le système a bien fonctionné. Toutes les mamans présentes ont été servies et sont reparties satisfaites. Nous aussi d'ailleurs.

  

17 septembre nous étions au même endroit, mais cette fois-ci pour donner, matelas anti escarre, des ballons de handball pour les écoles, des couches aux adultes handicapés, des fauteuils roulants, chaises percées et surtout tout le matériel de contrôle du diabète offert par le laboratoire ROCHE. Il y a toujours autant de monde et les demandes sont toujours aussi fortes. Nous espérons pouvoir continuer ...

  

18 septembre nous avons une réunion avec les élus de Copalnic Manastur pour élaborer la donation de vêtements du lundi 21 et expliquons la manière mise en place et qui semble bien fonctionner. Nous offrons dans cette commune du matériel orthopédique, des appareils de mesure de la glycémie, des bandelettes et des auto piqueurs, des ballons de hand. Nous avons demandé la présence du médecin pour connaitre son mode opératoire de distribution auprès des diabétiques. Il était absent alors c'est son assistante médicale qui s'est présentée et qui nous a assuré du contrôle strict des dons aux insulinodépendants exclusivement. Nous sommes obligés d'être intrusifs car l'obtention auprès du laboratoire donateur est très compliquée. Nous sommes interrogés par un journaliste pour un article qu'il veut écrire dans la presse.

  

Sur le retour à Fauresti, nous apercevons au loin, notre ami handicapé qui continue ses essais sur route et qui se dirige vers nous. Nous sommes très satisfaits de le voir ainsi " libre de son handicap". Nous nous rapprochons pour nous arrêter à sa hauteur. A cet instant précis notre étonnement est à son comble, car il se déplace mais pas sur notre fauteuil. En effet, il conduit une espèce de tricycle électrique, dont nous ne connaissons pas l'existence. Nous repartons complètement dubitatifs et surtout avec le sentiment de s'être ,peut-être fait avoir. Plus tard nous demandons des explications à Gavril, qui nous affirme, qu'une personne (inconnue) qui passait un jour sur la route à proximité de la maison de ce monsieur lui aurait dit en le voyant,:"Je vais vous donner un moyen pour vous déplacer". Je précise que les nombreuses demandes que j'ai pu effectuer en France, plus de 150 je n'ai reçu qu'une seule réponse pour avoir un fauteuil électrique(1) et que je constate que la même personne en possède désormais 2 n'est pas possible. Qu'il faut envisager la reprise de ce matériel pour le donner à quelqu'un d'autre qui en aura aussi l'impérieuse nécessité. Je mènerai, encore cette action de récupération seul. Mais l'actuel utilisateur demande une période de réflexion de 4 jours pour prendre une décision définitive. Nul ne nous avait prévenu de ce doublon, car nous n'aurions pas alors déchargé le fauteuil. Ces zones d'ombre sont parfaitement malsaines, surtout que cette rencontre fortuite nous a fait découvrir une chose dont on nous cachait, soigneusement l'existence ...! AFFAIRE A SUIVRE.

(1) (pour rendre hommage et continuer l’idée de leur père venu dans les année 90 dans le Satu Mare en actions humanitaires, la famille française a décidé de nous donner l’appareil destiné à la Roumanie. C’est cette destination, mais également notre historique associatif, qui a influencé positivement cette donation finale. Ce dont je me réjouis)

21 septembre nous repartons à Copalnic Manastur, chercher la responsable du service social qui va nous accompagner à Vad, lieu où seront installés les habits bébés et enfants. Le maire, le vice-maire sont absents. Arrivés dans la localité nous nous retrouvons en face de Tsiganes, appelés aussi Gitans (femmes et enfants) qui sont venus des villages de Fauresti et de Laschia. Nous avons commencé la répartition, relativement tranquillement.

  

Au bout de 20 minutes tout a dérapé. Nous avons été submergés par une vague déferlante de personnes qui voulaient obligatoirement avoir quelque chose. Nos tables ont été pillées en quelques minutes. Nous avons bien essayé de contrôler la situation mais la violence commençait à poindre. Devant cette agressivité nous avons laissé le pillage se poursuivre. Les balluchons étaient bien remplis. Déçus et vaincus de cette journée qui restera comme la pire connue depuis 24 ans.

  

22 septembre nous obtenons une réunion avec le maire et le vice-maire de Copalnic Manastur pour leur indiquer notre mécontentement sur l'épisode agressif des ses administrés. Il s'excuse, bien sûr, puis il téléphone au chef de la police, car nous devions être protégés. C'est vraiment très réconfortant que d'apprendre qu'il existait un degré de dangerosité, mais nous nous en sommes aperçus. Nous précisons ne plus vouloir procéder de cette façon quand il y a des risques à l'intégrité physique vis-à-vis d'humanitaires qui viennent pour aider et non pas pour être agressés sous n'importe quelle forme que ce soit. Cette désagréable expérience sera, pour ce qui nous concerne la dernière.

Nous nous dirigeons vers Grosii Tiblesului, pour remettre à la mairie des fauteuils roulants, des chaises percées, des couches, des vêtements neufs et des ballons de hand.

  

J'ai repris le fauteuil électrique à Fauresti sans avoir d'explication à donner à qui que ce soit et l'ai chargé dans le fourgon.

23 septembre, réunion à la mairie de Baia Sprie, avec le maire, ses adjoints et divers journalistes. Je remets le courrier et les livres et transmets les salutations amicales du maire de Ploemeur R. LOAS.

  

Après cette réception nous offrons des ballons de hand et des T shirts au professeur de sport de l'école primaire. Je fais la connaissance du nouveau directeur du service incendie du Maramures. Puis je donne une interview aux journalistes présents.

   

24 septembre, nous déchargeons le fourgon de la peinture (intérieur) et des cartons de consommables médicaux pour l"hôpital de Baia Sprie. Cette deuxième partie de l'objectif de la réhabilitation totale de l'établissement de santé se fera progressivement, sans connaitre exactement une date précise pour l'accueil des malades (72 lits) . 900 kg de peinture ont été donnés en 2015.

  

Nous avons visité le laboratoire et avons vu que les tables "paillasses" avaient trouvé leur place, au grand plaisir des laborantines.

  

POUR MÉMOIRE :

VOICI LES CHIFFRES CONCERNANT L'HÔPITAL DE BAIA SPRIE : RÉOUVERTURE AVRIL 2013.

- 16 400 patients ont reçu des soins.-12 spécialistes.- 7 généralistes. - 2 dentistes. - 1 laboratoire. - 12 services fonctionnent. - les services de cardiologie et l'urologie sont exploités depuis le début de l'année 2015. - 5 médecins assurent les gardes 24h/24. sans oublier les personnels administratifs embauchés.

Une enquête journalistique, écrite, montre que : C'est l'un des plus grands projets en ROUMANIE, à titre privé en phase de réalisation.

Cette réalisation demeure la fierté de notre association tant les implications des responsables locaux (politiques et médicaux) sont visibles



25 septembre je connais l'existence d'un homme, que je n'ai jamais vu, qui a eu un accident domestique il y a 20 ans et qui s'est brisé les cervicales. Il est tétraplégique. Sa femme vient aux distributions à Sisesti et nous lui fournissons nombre de couches, matelas anti escarre et autres matériels orthopédiques qui pourraient améliorer les conditions de vie de son mari. Nous allons étudier la possibilité de lui donner le fauteuil électrique, mais je me pose beaucoup de questions quant à son utilisation efficace devant un handicap aussi lourd. Nous arrivons au domicile de ce couple. La femme nous accueille dans une cour assez grande, puis nous entrons dans la maison. Nous sommes face à un homme complètement alité. Ce qui ne me rassure pas du tout. Je lui serre la main, surprise elle bouge. Son épouse s'approche du lit, lui prend le bras et en 2 secondes notre bonhomme est assis et pour nous montrer ses progrès, réels, il attrape son déambulateur et le voilà debout. Je suis de plus en plus estomaqué mais aussi heureux intérieurement car tout parait désormais faisable. Il s’assoit dans le fauteuil électrique et il déambule dans la cour. Les premières tentatives sont prudentes, approximatives, étonnantes . Cela fait un peu plus de 20 ans qu'il n'a pas bougé de chez lui. Désormais il pourra se rendre au terrain de foot par la route goudronnée. Aller voir les copains, les voisins, discuter, redevenir "normal". Avoir une vie sociale. RENAITRE.... C'est une excellente journée pour nous, positive et qui estompe les désagréments subis.

   

Nous considérons à cet instant que notre action humanitaire est enfin réalisée, non sans mal. D'autant plus que la température était chaque jour supérieure à 30 degrés .

Nous devons désormais traverser l'Europe d'Est en Ouest et le périple, je le pressens risque d'être mouvementé.

Çà commence en Hongrie à 15 kms de la frontière. Le fourgon est arrêté par des employés de l'autoroute qui vérifient la présence du ticket de péage. A celui, peu aimable qui me contrôle je refuse de lui montrer les "papiers" du fourgon, n'ayant pas à faire à un policier. Je lui montre le ticket acheté et ayant une validité d'un mois. Il le regarde et me dit qu'il n'est pas valable. Que je ne suis pas dans la catégorie de véhicule pour lequel j'ai payé. Je lui montre la tare du fourgon collée à l’extérieur côté passager. Il persiste à me faire comprendre que je suis en infraction. Je lui montre la carte grise du fourgon, mais dans la panique c'est celle de mon véhicule personnel que je lui donne. Je rectifie et montre la bonne. Il me conduit vers une roulotte où je lis le mot "caisse". L'employé dit en langue allemande que les catégories ont changé en Hongrie depuis 2015 et que le fourgon est surclassé. Tu parles !! Ça veut aussi dire que le prix de l'autoroute est multiplié par 3. Au niveau de l'arnaque la Hongrie est championne toute catégorie (c'est le cas de le dire). L'employée à l'aller ne m'a rien dit sur ces nouvelles dispositions. Pour 15 kms nous avons dû payer 52 € + 20 € (aller) = 72 € . Si ce n'est pas du vol ? De plus l'abruti qui m'a contrôlé s'est permis de me subtiliser mon permis de conduire. MAIS DE QUEL DROIT ? Ces errements sont inqualifiables et inacceptables. Pour toutes ces raisons je vais faire une PROTESTATION OFFICIELLE auprès de Monsieur S. COMTAT Consul de Hongrie basé à Rennes.

Nous repartons vers la frontière avec l'Autriche. Nous sommes bloqués dans un "bouchon" à cause des migrants. Contrôle rapide et direction Vienne puis la frontière allemande : Passau. "Rebouchon" 1h30 d'attente au bout de laquelle je suis invité par des policiers à aller me garer pour vérification de l’intérieur du fourgon. Je m'attendais à cela vu les événements, lugubres, passés. Ouverture des portes arrières, contrôle visuel, fermeture des portes = 35 secondes pour 90 minutes d'attente. Enfin !

C'est sous un déluge de pluie et de vent que nous rallions la Bretagne le 4 octobre 2015.

  

CONCLUSION :

Ce que nous n'avons pas aimé :

Avoir l'impression de s'être fait tromper avec le fauteuil électrique. J'ai aussi appris qu'il existait à Baia Mare (ville préfecture du Maramures) un marché parallèle pour ce genre d'appareil (sic) Le pillage vestimentaire. Se retrouver seuls au cours de donations. Se faire arnaquer en Hongrie. Personne ne cherche un moyen de transport pour la peinture. Nos actions sont banalisées, normales et attendues.

Ce que nous avons aimé :

L'utilisation efficace du fauteuil roulant.

Ce que nous avons à faire :

Nous avons encore 2 tonnes de peinture pour l'extérieur à acheminer à Baia Sprie (hôpital) qui pourront l'être totalement en 2 voire 3 voyages. Nous devrons marquer chaque pot de peinture afin de vérifier que la destination finale soit scrupuleusement respectée. (des meubles de cuisine et des chaises destinés à l'hôpital de Baia Sprie n'y sont jamais parvenus ) Penser sous une autre façon les donations. Revenir à des fondamentaux plus simples et ne fournir QUE des couches adultes et le matériel pour les diabétiques. Inventorier pour chaque mairie dotée les matériels orthopédiques divers reçus.