Les 25, 26 août serviront à traverser l'Europe d'Ouest en Est. Il fait très chaud. Nous remarquons en franchissant la frontière hongroise, que des contrôles douaniers autrichiens sont en cours et que tous les véhicules sont à l'arrêt. Ce qui fait un super "bouchon" et heureusement pour nous c'est dans l'autre sens__

Le 27 c'est la dernière partie du voyage et sans doute pas la plus simple. Nous arrivons à la frontière hongro-roumaine de Pétéa et bien sûr sur 4 files les véhicules en tous genres sont immobilisés. Nous avançons quand même et découvrons que les fonctionnaires magyars acceptent toujours des "petits cadeaux" de la part des Roumains. Le système existe et fonctionne toujours, ECOEURANT ..! Nous avons droit à un contrôle complet des dossiers des dons. Puis sans même avoir contrôlé le chargement on nous fait signe de circuler, cet ordre est immédiatement exécuté. 30 minutes d'attente quand même ...! Nous arrivons à Baia Sprie vers 17h30 et c'est Dorin PASCA, qui nous attend. Il nous emmène à notre hébergement, assez inattendu comme endroit. Il s'agit d'un centre sportif . Il y a des chambres partout, mais la salle d'eau et les wc sont communs pour notre couloir. Nous verrons bien à l'usage ...!

Le 28 c'est la première distribution à la mairie de Sisesti. Les mêmes visages, souriants et toujours aussi nombreux, nous attendent . Nous descendons du fourgon les couches pour adultes, les matériels orthopédiques et le nécessaire pour les diabétiques. Ces consommables sanitaires sont remis après vérification d'usage et signatures concernant le bénéficiaire. A noter que seule la mairie de SISESTI pratique ce mode opératoire, ce qui permet aussi un contrôle efficace.

Le 29 REPOS (forcé) car la Roumanie célèbre un saint, dont le nom m'échappe. Toujours est-il qu'en ce jour béni, notre action est nulle. Pas tout-à-fait quand même. Dorin nous transporte chez des copains et là nous sommes invités à nous asseoir devant une grande bassine, pleine d'eau. On nous fournit des gants à usage unique tout en nous montrant des sacs et des casiers en plastique, chargés de prunes. Notre travail consiste à dénoyauter 120 kilos de fruits bio dans la perspective de préparer : LE MAJUN, la confiture. Cet emploi du temps est réservé pour le lendemain. Nous mettrons 4 heures pour enlever tous les noyaux .....

Le 30 : LE MAJUN (prononcer : MAJOUN). Le chaudron en cuivre est plein de prunes. Le feu de bois est déjà allumé .

La préparation est sans cesse remuée, pour éviter que ça ne colle.

Il faudra 19 heures de cuisson pour la confection totale de cette excellente "purée", qui ne contient que des prunes biologiques et rien d'autres ....!

Le vendredi 31 août : c'est l'hôpital de Baia Sprie qui va recevoir les dons . D'abord du matériel pour le laboratoire :

consommables divers,

microscope,

imprimante et informatique spécial labo,

centrifugeuses, (ah, oui c'est lourd !)

incubateur bactériologique,

330 kilos de peinture "extérieur"

décontamineur biologique et blouses)

__Puis ce sera le tour du service de kiné qui recevra un complément de matériel qui consiste en un appareil vibratoire qui améliore la respiration des patients. N'oublions pas que nous sommes dans une région minière et que les problèmes pulmonaires sont très importants. Suivront 3 cartons d’orthèses (neuves) divers (lombaires, poignets, chevilles etc ..). Une autre surprise nous attend, le service est ouvert et une jeune kiné prodigue son talent auprès des malades :

__

Nous avons la satisfaction de constater que le matériel offert en avril 2018 est utilisé...!

__En compagnie de Dorin Pasca, du vice-maire de Baia Sprie et d'un des deux nouveaux directeurs de l'hôpital nous faisons un tour de l'endroit. Plusieurs chantiers (intérieurs) sont en cours. A terme tous les services vont être réaffectés pour une meilleure cohérence et une facilité accrue pour tous les usagers professionnels ou de passage.

- Le vice-maire m'informe que les lourdes négociations administratives avec le ministère de la santé sont terminées et sont positives.Les arguments de choc utilisés ( réhabilitation du premier bloc, équipements et réouvertures des services médicaux et surtout le chiffre de fréquentation impressionnant) ont convaincu l'état roumain. "Le vieux" bâtiment leur a été cédé, à charge pour la mairie de le rénover. Il me certifie que les travaux, notamment pour le toit vont commencer dans la deuxième quinzaine de septembre 2018 et qu'à terme ce bloc hospitalier, neuf, abritera les chambres des malades grâce aux lits que nous avons fournis.

__Je suis comblé par tout ce que je vois et j'entends. Au service administratif je demande à connaitre la fréquentation de l'établissement par les malades entre le 1er janvier et le 30 avril 2018 : tous services confondus soit : 16 800. A la fin de l'année 2017, nous avions le chiffre de 95 800, ce qui fait un total après 5 ans d'exploitation (avril 2013 à avril 2018) de : 112 600 personnes soignées.

Afin d'arriver à ce chiffre complètement incroyable et pourtant tellement réel, il faut se remémorer que :

-14 (voyages) actions humanitaires ont été nécessaires. (sept 2012 à sept 2018).

- 78 400 kilomètres ont été avalés. (presque 2 fois le TOUR DE LA TERRE).

-14 services ont été équipés. (le dernier créé est le service de physio-kinésie).

- 3,100 tonnes de peinture.

Ces précisions, presque finales, sont relatées car la nouvelle direction semble s'abriter derrière un sacro-saint secret médical pour ne plus rien divulguer sur l'activité de l'hôpital .....!!

Après avoir reçu des confidences prudentes de la part de l'administration, je réponds aux questions d'un journaliste de la télévision AXA.

VOIR : facebook info baia sprie : Vidéo : Löic Thetio din nou la Baia Sprie.

En fin de distribution nous nous rendons à la maison des personnes âgées (administrée par la mairie) afin de remettre et ce pour la 3 ème fois des matelas anti escarre tant désirés :

Le samedi 1er septembre c'est l'inauguration officielle du collège de Copalnic Manastur, qui prend le nom d'un académicien roumain, natif de Berinta (localité gérée par la mairie et où nous avons mené des actions auprès des familles pauvres). Il y a là tout le "gratin" politique et ecclésiastique de la région, alors nous participons de loin à cet événement.

Le dimanche 2, c'est la fête de la localité très joyeuse. Je ne peux pas arriver discrètement dans cet espace . Le maire est sur scène, avec et encore toutes les personnalités élues et autres gens d'église. Il me voit et me demande de monter à mon tour sur l'estrade. Peu après je serai obligé de faire une petite déclaration sur ma présence. La journée va ensuite se passer très agréablement avec tour à tour, des chants, des danses et surtout de la musique traditionnelle, que nous adorons. Vers 22 heures nous prenons congé de nos hôtes de la mairie et nous fixons notre prochain rendez-vous pour le lundi afin de céder les dons.__

Le 3, une nouvelle fois nous sommes accueillis par l'édile de Copalnic Manastur en présence de la responsable du service social et de notre ami Ioan BOTA. Nous offrons là aussi les différents "cadeaux" pour les malades et handicapés. A signaler encore une fois que le médecin est totalement invisible...

Enfin, le 4 ce sera le déplacement, le plus éloigné vers Grosii Tiblesului. Une fois de plus le maire est absent. C'est la 3ème fois qu'il nous inflige sa non présence. Je n'apprécie pas du tout. Le vice-maire est présent avec un employé de la mairie. Ensemble nous nous dirigeons vers la "maison des personnes âgées" de la localité. Nous déchargeons les cartons. Nous visitons les salles où sont entreposés les articles orthopédiques cédés en avril 2018. Rien n'est vraiment en place.

Nous demandons qui donne des soins, massages ou autres. Une femme qui possède les clefs de cette construction nous apprend que c'est elle qui le fait. Nous lui demandons si elle a les compétences professionnelles ? Elle nous répond que non mais qu'elle regarde sur internet les conseils de kiné. Nous sommes abasourdis et vraiment en colère . Nous affirmons, aux personnes présentes que tout ce que nous faisons pour cette localité n'est pour nous pas un jeu d'enfants. Surtout pas...! Là encore, nous ne voyons jamais la doctoresse . La mairie nous adresse souvent des listes de matériels divers, les obtient et n'en fait rien. J'ai comme la nette impression que notre collaboration vacille et devient incertaine .

Le 4 nous restons à Baia Sprie et désirons voir notre copain Daniel LES, maître potier de son état, parce que si nous avons la confiture nous n'avons pas le contenant.

Nous partons à la fin de la semaine, soit dans 4 jours. Daniel nous répond que le temps est trop court pour cette commande. Malgré ce refus, Il entre dans son atelier et demande à une aide, qui lui dit qu'elle fera tout pour nous satisfaire.

COMMENT NAÎT UNE POTERIE :

D'abord il faut aller "récolter" la terre glaise, qui se trouve près d'une source (l'endroit est tenu secret)

Puis commencer à la travailler (modelage des couvercles par le maître.)

Une fois les pots façonnés et décorés, (mais encore bruts) ils sèchent dehors au soleil.

Les collaboratrices reprennent alors les pièces brutes et avec un galet (comme ceux que l'on trouve sur le littoral) elles frottent les parois extérieures pour leur donner un aspect lisse et brillant.

Après avoir peint les pots (pigments minéraux, encore c'est un secret de fabrication), les objets sont plongés dans un bain "fixateur" (extraits naturels de plantes). Le procédé est très rapide. Avec de l'eau et du lait mélangés l'étanchéité est contrôlée. RAS.

Puis viendra le moment le plus délicat : LA CUISSON. (en espérant qu'une coupure perfide de courant ne vienne pas tout annihiler)

Le four doit être préchauffé à 1 000 degrés. Les œuvres sont enfournées 10 heures, puis 20 heures seront encore d'usage pour le refroidissement total.

Le résultat donne entière satisfaction. Il ne restera plus qu'à emballer la marchandise.

LE RÉSULTAT FINAL : confiture incluse. Produits destinés à la vente dont les bénéfices reviennent dans leur intégralité à l'association.

Le 5, nous avons rendez-vous avec le vice-maire, notre ami "Tibi", qui nous explique les différentes phases de travail qui vont être menées sur "le vieux" bloc de l’hôpital. A commencer par une étude poussée de la charpente de la toiture, en espérant que celle-ci n' ait pas trop souffert des affres du temps. Alors la pause du toit sera effectuée. Le sous-sol, humide s'est couvert de champignons, de salpêtre . Il faut donc là aussi apporter beaucoup d'attention. Puis les 3 étages seront rénovés l'un après l'autre pour enfin héberger les chambres. Ce programme sera finalisé sous 3 ans, mais 2 seraient très souhaités. Nous parlons ensuite de la "maison de personnes âgées" qui est sous administration municipale. Des améliorations y ont été consenties, notamment grâce à la peinture que nous avons apportée. Les matelas anti escarre sont aussi très appréciés par les résidents, qui en souhaitent d'autres__ ...Nous prenons donc rendez-vous pour l'année prochaine ! Le directeur de cet établissement brille par son absence....

Le 6 nous allons vérifier l'avancée de nos copains potiers. Nous mettons une petite pression quand même pour que le travail soit fini demain après-midi. __

Le 7 nous préparons les bagages pour le retour. Nous nous inquiétons pour les pots, car on nous avait promis de nous téléphoner quand ils seraient prêts. A 15 h 30 n'y tenant plus, nous nous dirigeons vers l'atelier du potier. Nous sommes rassurés tout est fini. Il faut seulement emballer l'ensemble, mettre le tout dans des cartons et charger dans le fourgon. Ce qui sera exécuté un peu avant 18 h 00. Oufffffffffffffff ! Nous nous rendons compte de la manipulation incroyable et du temps que demande chaque pièce (C'EST AUSSI POUR CETTE RAISON QUE CHAQUE SCULPTURE EST UNIQUE).

Le 8, à 07 h 15 ,le vice-maire nous attend pour nous emmener prendre le petit déjeuner, dans un restaurant dont la propriétaire est connue de lui. Nous sommes très bien reçus. Tout est parfait, mais tout aussi a une fin. Vers 08 h 30, nous prenons congé et la longue route du retour nous attend. Bien sûr, nous avons le droit encore à 45 minutes d'attente (pour rien) à la douane de PETEA. Il y a un embouteillage énorme, beaucoup de voitures. Patience, patience.... Au bout de cet arrêt inutile nous repartons traverser l'Europe et le 11 en milieu d'après-midi nous ouvrons la porte de notre domicile ploemeurois.

CONCLUSION :

LES PLUS  : La fréquentation toujours aussi importante de nôtre hôpital. La création du nouveau service de kiné doté de nombreux équipements, matériels neufs. La rénovation du "vieux" bloc et la nouvelle répartition des différents services dans un laps de temps relativement court, pour une structure qui a été fermée en 2010 ...! Nous pourrons constater tout cela déjà l'année prochaine, j'ose y croire. Au cours de mes promenades matinales dans Baia Sprie, il n'est pas rare que quelques personnes viennent me remercier pour les aides consenties.

LES MOINS : Nous faisons la connaissance de la nouvelle équipe managériale, c'est quand même la 3 éme équipe en 5 ans. Là-dessus mes impressions sont très mitigées, d'autant plus que le silence semble être de mise à notre égard. Les absences répétées de certains élus et autres responsables. La disparition totale ou presque des journalistes, qui ont un rôle très important dans la diffusion des informations concernant la réouverture de l’hôpital. J'ai eu l'occasion de parler avec des gens de rencontres qui ne connaissaient pas cette nouvelle possibilité de soins. La mauvaise utilisation des matériels de massages et autres, par des personnes non qualifiées (surtout à Grosii Tiblesului). La normalité des actions devenus presque banales de S.P.R.E. La route devient de plus en plus longue .......!