La 88 éme action humanitaire.

Ce vendredi 13 nous invite à un départ matinal, direction l'Est... original comme direction ! Nous traversons la France, notre fourgon qui donnait des signes de faiblesse au niveau moteur a été réparé il y a deux semaines et tout semble aller bien... pour le moment. Nous arrivons à la frontière avec l'Allemagne, il y a une file de véhicules, devant nous au ralenti car les Germains ont décidé de ranimer les contrôles aux frontières... Nous roulons au pas et je sens comme un trou d'air dans le moteur. Je m'aperçois très vite que le phénomène de manque de puissance moteur a resurgi et celà m'inquiète beaucoup. Les montées de côtes est un véritable calvaire, notre vitesse tombe à 37 km/h. Quel supplice ! Nous faisons halte pour la nuit en Baden Württemberg, on verra bien demain !

Samedi 14, le moteur du fourgon redémarre. A ma surprise toutes les alertes au tableau de bord sont éteintes. Je suis soulagé... seulement que pour un temps très court. Le problème n'a pas du tout disparu, il était seulement en sommeil. La route va être très pénible et je me rends compte des difficultés d'ascension des "Bosses" et il y en a beaucoup. J'ai oublié aussi de préciser que nous sommes en pleine tempête "Boris". Pluie forte, bourrasque de vent, le cauchemar continue. En Autriche la température chute à 5 degrés. A proximité de Vienne il y a ces interminables et rudes montées sur plusieurs kilomètres, que je redoute. Nous roulons sur le côté. Les poids lourds internationaux nous klaxonnent. Je ne veux pas m'arrêter et advienne que pourra...! Le soir arrêt à Mosonmagyarovar en Hongrie.

Dimanche 15 j'ai hâte d'attaquer la Pannonie car sa particularité est d'être quasiment plate. Ainsi le moteur devrait moins souffrir et nous aussi. Quelques raidillons nous donnent encore des sueurs froides et nous arrivons , enfin en RoumanieJe ne parlerai pas des contrôles administratifs tatillons et arbitraires de fonctionnaires zélés et ce des deux côtés de la frontière, hongro-roumaine.

Lundi 16 le fourgon est amené chez un garagiste à Surdesti. Grâce à sa "valise" branchée il diagnostique un problème de turbo (aïe, aïe, aïe). Nous quittons son atelier car nous avons une distribution à effectuer à la mairie de Sisesti. Parvenus sur place nous procédons au déchargement de notre véhicule .

Nous offrons les couches pour adultes, et autres matériels orthopédiques.

MAIS PAS LES FAUTEUILS POUR LES TETRAPLEGIQUES QUE NOUS SOUHAITONS OFFRIR DIRECTEMENT AUX BENEFICIAIRES EN PRESENCE D'UN ELU. Nous laissons également des cartons d'habits quasi neufs pour enfants de tous âges.

Après notre tâche accomplie, nous allons voir le garagiste de la localité. Sa conclusion est sans appel : Problème de bis-turbo et boîte de vitesses automatiques à vidanger. Il me confirme que le travail a été effectué en partie en Bretagne. Il doit commander différentes pièces et huile spéciale Mercedes. Il espère recevoir ce matériel le lendemain pour procéder à la réparation. Il devra attendre 48 heures de plus. Nous avons prévenu les autres municipalités que nos rendez-vous sont repoussés d'autant, soit mercredi dans le meilleur des cas ... !

Le même jour Radio Roumanie Internationale diffuse une interview à laquelle j'ai accepté de répondre à la journaliste. Voici le lien : https://www.rri.ro/fr/nos-emissions/rri-alternatives/lassociation-solidarite-ploemeuroumanieid806850.html

Mardi 17 repos forcé à se morfondre et se poser un tas de questions.... sans réponses. En fin d'après-midi la mairie de Sisesti m'avise que les pièces sont arrivées. Demain nous reprendrons le cours de notre aventure... Peut-être ?

Mercredi 18 vers 11 heures, un nouvel appel téléphonique municipal m'informe que le fourgon est réparé. Il peut reprendre la route. Les essais effectués sont tous satisfaisants. Un employé de la mairie vient me chercher en voiture et me conduit à l'atelier. J'apprends que le mécanicien a commencé la réparation à 4h00 du matin pour nous satisfaire. Toujours avec son éternel sourire Liviu très content nous remet les clefs du fourgon. Nous le remercions très chaleureusement et lui offrons un survêtement neuf, qu'il accepte avec plaisir. Ayant toute confiance en Liviu j'avais prévenu la mairie de Grosii Tiblesului de notre arrivée en début d'après-midi. Vers 13h30 nous étions sur place et pouvions commencer un nouveau déchargement, heureusement il y avait du monde, le mairie en tête.

Jeudi 19 C'est la mairie de Copalnic Manastur qui nous accueille et les mêmes mouvements se répètent.

Je profite d'un moment d'accalmie pour remonter les fauteuils roulants spéciaux et adaptés. Ils ont tous été démontés pour gagner de la place et les différents accessoires (roues, repose pied, accoudoirs etc...)ont été soigneusement numérotés.

Les enfants, rencontrés en avril 2024, pour qui nous avons durement travaillé en France pour trouver ces matériels orthopédiques, ont de par leur lourd handicap donné la force de gagner pour eux... ! Sachant que dans notre pays pareil matériel est accordé, ou pas, aux malades après un délai d'attente de 16 à 18 mois, après moult moult réunions de spécialistes

Vendredi 20 en compagnie du vice-maire nous allons offrir ces très précieux cadeaux. Devant la petite maison , que j'ai découverte en avril 24, je vois plusieurs petits enfants qui sont assis à même le sol et qui tapent sur les cailloux... Cette famille de 9 personnes, dont 6 enfants, habitent dans une pièce de moins de 20 mètres2. Tous les enfants ont des problèmes neurologiques. Nous commençons par donner de nombreux habits .

Le fauteuil roulant est prêt. La maman va chercher dans la maison son petit garçon de 12 ans. Puis l'assoit dans ce qui va devenir un moyen de confort et de locomotion. Aucun signe, aucune expression ne sortent de ce corps mutilé par la maladie...

lundi 23 nous suivons les élus de la mairie de Copalnic Manastur qui nous conduisent à Berinta. Nous arrêtons notre fourgon dans la cour d'une ferme. Là, nous attendent des personnes de la même famille. L'homme est le père de la jeune fille tétraplégique que nous allons découvrir. Le, lourd, fauteuil roulant est descendu du fourgon et

je procède au remontage et aux différents réglages en fonction de la corpulence de la bénéficiaire.

Le maire m'apprend que le lit médicalisé électrique doit être aussi descendu du fourgon car il est destiné à la mère grabataire et complètement alitée. Nous exécutons sa demande.

Il faut que je branche les différentes prises, puis remettre en parfait état le sommier qui accueillera le matelas anti-escarre.

Puis vient le moment de vérité. Tous les yeux sont braqués sur moi . Pas de droit à l'erreur et après essais tout fonctionne...!

Le handicap n'a aucune considération, ni pitié pour la pauvreté et ne l'épargne surtout pas .....

Mardi 24 et mercredi 25 en ce début d'année scolaire des distributions de sacs et de stylos sont effectuées auprès de TOUS les élèves (1200) et dans les 3 mairies que nous aidons.

ainsi que des parapluies qui se plient

Et surtout nous les encourageons à continuer à découvrir et à apprendre la langue Française.

Jeudi 26 nous profitons d'un jour de repos pour préparer nos valises car

Vendredi 27 Nous prenons le chemin du retour vers la France. Tout a été très compliqué, logistiquement pour mener à bien cette 88ème action. Un fourgon qui n'avance pas. Affronter la tempête "BORIS" qui a frappé l'Europe centrale. Subir les contrôles aux frontières, les déviations dûes au Danube qui a complètement inondé les routes... Bref ce ne sera pas un bon souvenir par les conditions énumérées ci-dessus. Cependant nous quittons la Roumanie avec le sentiment d'avoir rempli nôtre mission humanitaire dans le respect de la parole donnée. Cette nouvelle réalisation n'a souffert d'aucun bémol dans sa conduite. Tout ce qui a été promis a été exécuté, comme à l'accoutumé. L'honneur dirige, sans contrainte mon Devoir.